La ville est une création de la classe capitaliste. Il y a quelques siècles, la technique a permis à certains de s’enrichir de façon inouïe sur le dos de la multitude, car le volume de production avait augmenté de façon tout aussi inouïe. Tout ce qu’il fallait, c’était une masse de travailleurs pas trop loin.

La suite de l’histoire, on la connaît : l’essentiel de la richesse est entre les mains d’une infime minorité (qui d’ailleurs ne cesse de décliner en nombre et d’augmenter en puissance), et nous, pendant ce temps sommes continuellement en état de privation (d’argent, de temps, ou les deux). Nous sommes aussi privés d’espace, et c’est peut-être le plus important. L’espace qui nous manque, ce ne sont pas les espaces verts (où chacun s’en va se faire croire qu’il est en harmonie avec la nature). Ce sont les espaces humains, où l’on pourrait espérer vivre une certaine harmonie entre nous. Où nous pourrions nous ré-enraciner.

Sempé

Sempé

La vie en ville expose à des dizaines de milliers de personnes, de visages et de corps, et convainc de la futilité de l’amitié. Pourquoi diable être affable avec tant de personnes, pourquoi cultiver une dizaine de milliers d’amitiés naissantes? C’est insensé. Et pourtant, c’est ce pour quoi nous sommes faits, depuis de milliers de générations. Nous sommes faits pour être disponibles et curieux. Nous sommes dotés de neurones empathiques plus volumineux et connectés que toute autre espèce. Nous naissons avec une capacité d’empathie qui fait que dès les premières heures, nous imitons les adultes! (Meltzoff, 1973)La découverte de Meltzoff

Exposons un villageois au spectacle d’une station de métro à l’heure de pointe : il fuira ou dépérira. Fréquemment, les ruraux ressentent de l’effroi à la vue des citadins. Ils sentent que le citadin est dépourvu d’empathie et incapable d’engagement.

La ville est une zone de désertification sociale.